7 janvier 2012

La dérive de l'Université Tunisienne

Les classements internationaux pour l'année 2011 en ce qui concerne l'Université en Tunisie sont tout simplement désastreux.
En effet aucun établissement n'est mentionné parmi les cent premières universités en Afrique et seulement deux parmi les cent premières du monde Arabe!
La première université tunisienne se classe au rang 3326 sur le plan mondial et la seconde au rang 6434...
Quant on sait que plus de 25% des diplomés universitaires sont condamnés au chomage de longue durée on mesure la débacle de l'Enseignement Supérieur en Tunisie et sa dégradation abyssale lors des vingt dernières années.Une prise de conscience lucide et une remise en cause radicale s'imposent.

Il conviendrait dorénavant de privilégier la qualité en lieu et place de la quantité.Comme pour bon nombre de secteurs,les responsables se sont essentiellement attachés à produire du nombre et à gonfler artificiellement les statistiques .Ainsi c'est l'employabilité des diplomés qui en a souffert au meme titre que leur adéquation aux besoins du marché du travail.
Une plus grande sélectivité et une spécialisation accrue permettraient un saut qualitatif salutaire.
Il serait,tout d'abord,judicieux de détacher quelques universités du lot et d'en faire des établissements pilotes avec une sélection rigoureuse à l'entrée via des concours,une dotation conséquente en moyens humains et matériels et en associant étroitement les entreprises ou la haute administration à l'élaboration des cursus.Des partenariats avec de prestigieuses universités internationales seraient également envisageables.Ces universités-pilotes seraient payantes et les banques devraient accorder des prets bonifiés aux étudiants de meme que l'Etat devrait pourvoir des bourses aux plus démunis.La réussite des lycées-pilotes en Tunisie est indéniable et il serait pertinent d'étendre l'expérience  à l'enseignement supérieur.
De plus,une spécialisation accrue des établissements est à préconiser selon les secteurs économiques stratégiques du pays.En particulier il s'agirait de multiplier les écoles d'ingénieurs spécialisées car le défi industriel et technologique est celui que la Tunisie doit relever à l'avenir.
Enfin,l'esprit d'entreprise est à inculquer en amont aux futures générations et tout étudiant devrait avoir l'option de s'engager dans une année d'entrepreneuriat avec l'accompagnement adéquat d'un ''parrain'' ou ''sponsor'' et qui consisterait à élaborer un business-plan crédible en vue de réaliser un projet.Il est grand temps d'en finir avec les réflexes d'assistanat qui se sont malheureusement propagés dans la société tunisienne.
Par ailleurs il conviendrait de dépolitiser l'Université Tunisienne.Si la police universitaire doit etre à l'évidence abolie il en va de meme pour les syndicats étudiants  gauchistes ou islamistes qui n'ont plus de raison d'etre dans une démocratie ou chacun est libre de s'engager dans un des innombrables partis politiques.Que les étudiants aient des représentants élus dans les organes de décision des établissements est à encourager,qu'ils fassent de la politique sur le campus et qu'ils en viennent aux mains et aux insultes est complètement rédhibitoire et absurde;plus encore pour les postures dogmatiques et idéologiques de certains doyens d'Universités comme on l'a vu dans l'affaire du niqab à la faculté de la Manouba ou le pragmatisme aurait du l'emporter.Si la prestigieuse Université de Cambridge le permet alors celle de la Manouba aurait du trouver une solution pratique pour cet épiphénomène.Il est vrai que l'Université de Cambridge,excusez du peu, n'est classée que première au Royaume-Uni et seulement seizième dans le monde... 

Salem.


NB: Pour consulter les classements universitaires:www.webometrics.info